La période des années 1960-1968 fut un temps de peuplement de la Côte et du département du Var, dû en particulier à l’arrivée des « pieds noirs » chassés d’Afrique du Nord.

C’était aussi, pour l’Eglise, la période post conciliaire qui ouvrait un élan vers une nouvelle liturgie plus adaptée au peuple de Dieu, où la place des laïcs est reconnue et souhaitée.

Monseigneur Gilles BARTHE est alors évêque du diocèse de FREJUS-TOULON. Devant ces évolutions, il mesure le besoin de créer des lieux de culte. L’opération « Les nouvelles églises du Var » est lancée. Le quartier de la Gabelle à Fréjus est retenu pour y édifier l’une d’elles. En effet, dans des terrains plats longeant le Pédégal (ruisseau intermittent qui sépare Fréjus de Saint-Raphaël) commence à s’implanter une série d’immeuble destinés à accueillir les familles rapatriées d’Algérie. Dans un lotissement voisin se sont installées des petites PME et des villas particulières.


Le 20 juillet 1964, l’association diocésaine achète un de ces lots et

Mr LACHIZE, conseiller municipal fait don du lot contiguë, ce qui permettra de construire une église sur un terrain rectangulaire de 790 m² utiles.


Depuis juillet 1963, une petite communauté paroissiale s’est déjà rassemblée alors autour du curé nommé : le Père Robert LEBAS, homme de caractère formé par les missions étrangères et revenu de Chine où il a vécu la révolution maoïste. Ce groupe paroissial n’attend pas la sortie de terre du bâtiment pour faire Eglise : des messes dominicales sont célébrées en plein air sur le terrain, des rencontres festives s’y organisent et une baraque de chantier y est bientôt implantée pour donner un toit provisoire aux activités de cette nouvelle paroisse joyeuse et dynamique. Cette baraque tiendra lieu de chapelle tout au long de l’érection de l’église.


Parallèlement, en octobre 1966, Jacques DROUZY, architecte, est désigné par Mgr Barthe qui lui donne pour mission la construction d’une église de 500 places avec centre paroissial comprenant un presbytère avec 2 logements, un bureau, une salle de réunion et une salle de catéchisme.

Jacques DROUZY, tenant compte des limites du terrain et des règles d’urbanisme du lieu se concentre sur la conception de l’édifice : la surface assez exigüe du terrain exige un plan sur 2 niveaux afin de pouvoir réaliser le projet demandé.


Le lieu de culte sera au premier étage, on y accèdera par un escalier monumental et par une rampe de secours et d’accès pour les handicapés. La nef de 350 m² permettra 500 places assises. Le choeur en anse de panier, éclairé par 2 verrières non visibles de la nef et un lanterneau, offrira un large espace pour les célébrations. La charpente en bois apparent, les poutres en lamelles collées créent un volume apaisant où l’acoustique est depuis très appréciée par les musiciens et les choristes.


L’architecte a voulu que l’édifice soit signe d’une église résolument moderne (en béton brut), pauvre et dépouillée, une église ouverte à tous, avec des salles de rencontre au rez-de-chaussée, lieux d’échanges interculturels où de nombreuses associations se réunissent régulièrement et encore aujourd’hui.


C’est aussi une église lumineuse, priante, invitant au recueillement, en particulier dans le petit oratoire éclairé par le vitrail de la pêche miraculeuse, oeuvre de Monsieur VANGUY.


A la suite de l’obtention du permis de construire, la première pierre a été scellée le 15 janvier 1967.

De nombreux artisans du quartier ont participé aux travaux de menuiserie, de ferronnerie, de plomberie, d’électricité... Ils ont dû travailler dans des conditions contraignantes, un terrain très étroit, un délai de construction limité (de janvier à décembre 1967) avec un budget très serré.

Le coût total fut de 520 000 francs. Ceci explique que des aménagements ultérieurs aient dû être réalisés à l’initiative des Pères Blancs.


La réception des travaux a lieu le 20 décembre 1967 et la messe de Noël a été célébrée dans la nouvelle église à la joie de tous. Suivant le désir du Père LEBAS, elle est dédiée au Sacré-Coeur le 14 janvier 1968, jour de la bénédiction de l’église par Monseigneur Gilles Barthe, ... il y a 50 ans, aujourd’hui !


Cette consécration au Sacré-Coeur a sans doute orienté la vie de notre communauté paroissiale. Sous l’impulsion de ses curés successifs, elle s’est toujours efforcée de privilégier l’accueil, l’amitié, l’ouverture, l’entraide, les rencontres interculturelles et religieuses.


Dans notre quartier de La Gabelle, économiquement défavorisé, mais riche de la diversité de ses habitants, elle essaie, depuis 50 ans, de manifester la Miséricorde et la Paix du Coeur du Christ.