éditorial de monseigneur Dominique Rey, notre évêque  – janvier 2013 :

« Sur les terres même, où il avait été tellement vénéré, adoré pendant 20 siècles, serait-il devenu persona non grata ? On efface son souvenir : une innocente crèche sur une place publique, à la vitrine d’un magasin ou à l’entrée d’un hôpital … une atteinte à la laïcité !

On supprime son nom pour le remplacer par « les fêtes de fin d’année » ou par « la fête du Père Noël » en oubliant que le chiffre du nouveau millésime se calcule à partir de la Nativité ! En Hollande et en Grande Bretagne, plus de 30% des gens avouent leur ignorance sur l’origine des illuminations et des gueuletons ! L’an passé, l’Union Européenne avait édité, avant de se rétracter, à plusieurs milliers d’exemplaires un calendrier qui mentionnait toutes les fêtes religieuses … : juives, musulmanes, bouddhistes, sikhs …, sauf les chrétiennes ! Ignorance crasse d’analphabètes ou stratégie d’élimination de la foi chrétienne qui fut le liquide amniotique de l’Europe ? Radio France ne retransmet plus la messe après 80 ans de fidélité et TF1 l’a remplacé l’an passé par des programmes de variétés ! Black out ? Marginalisation ? Pourquoi ce Tout-petit fait-il peur à ce point ? Pourquoi le seul mot de Noël devient-il politiquement incorrect ? En quoi l’Enfant de Bethléem est-il si dangereux ?

Sans doute ont-ils raison de paniquer. Car ce nourrisson fragile et démuni, n’est pas un bébé comme les milliards d’autres. Il a opéré la véritable révolution copernicienne de Dieu, avec pour seule arme son innocence, sa vulnérabilité, son silence … « Tout ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait ! » dira-il trente ans plus tard. Dans le plus faible, le plus méprisé qui soit, dans chaque zygote, et chaque fœtus, il a voulu se rendre présent. Par l’Incarnation, si Jésus a voulu traverser toutes les étapes de la vie humaine depuis Bethléem au Golgotha, c’est pour en sauver chacune.

A Noël, il vient sauver l’enfance, notre enfance, celle que nous avons perdue, celle qui est blessée, abimée, torturée, abandonnée, prostituée… Dieu a voulu se rendre présent à ces 130 000 embryons congelés, 220 000 avortés chaque année, à ces fœtus manipulés, éliminés, à qui l’on ne reconnaît pas le statut d’être humain… Présent, aussi à ces enfants orphelins de père ou de mère, soit qu’ils aient disparus, soit que la société décide bientôt de les en priver en reconnaissant aux personnes de même sexe de pouvoir se marier et d’adopter. Sans vergogne, on dénature ainsi le mariage et la parentalité, en dissociant de manière définitive la procréation de la sexualité, le mariage de l’engendrement. On prive alors l’enfant du droit d’accéder à son origine, de bénéficier de la différence sexuée de ses parents… pourtant indispensable à sa construction psychique !

Que pouvons-nous attendre d’un enfant, de cet Enfant ? Il ne peut formuler encore aucune pensée. En son état, il est inapte à l’action, alors qu’à contrario, il mobilise toutes nos attentions. Mais il nous offre en partage un immense cadeau. Lui ne peut rien donner, voici qu’il nous donne « Lui-même ». Il se donne à nous. Il nous fait le présent de sa propre vie. Il nous rappelle que toute vie est un don du Ciel. « Que peut-on donner en échange de sa propre vie ? » demandera plus tard Jésus aux siens. Il nous enseigne que « la vie est plus que la nourriture et le vêtement », bien plus que l’avoir, que le pouvoir et même le savoir ! L’Enfant de la Crèche atteste que Dieu a rejoint notre histoire pour l’habiter et la sauver. Il signifie que Dieu est Emmanuel : Dieu avec nous, Dieu pour nous.

Noël ! La vie nous est rendue par un enfant. Le sens de cette vie par son sourire. La joie de vivre, par l’espérance qu’il incarne. «